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Allô Ségo Bobo !

Allô Ségo Bobo !
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17 novembre 2006

Voilà... c'est fini...

Dans son savoureux commentaire que je vous invite à lire car en ces temps moroses, cela peut ramener un sourire, (commentaire du 15 novembre, associé à mon premier article sur la salade), Pierre, un sincère et farouche partisan de Ségolène Royal nous l'annonçait, menaçant: "Jeudi soir, pour vous, ce sera FINI". Comme il avait raison… et il ne se savait pas à quel point.

Fini, oui, de plaisanter et de manier le second degré. Je n'ai plus envie de rire ce soir.

Fini, surtout, le socialisme véritable, celui auquel je crois et auquel j'ai adhéré il y a 11 ans, celui que ses détracteurs qualifient d'archaïque, de dépassé, de "chimère", de momie entourée de bandelettes.

Disparu, l'espoir que j'avais d'un jour ne plus être minoritaire au sein d'un parti qui porte, dans son nom, des convictions qu'il renie.

Envolé, mon attachement à la maison-mère que je croyais le temple sacré de mes idées et qui depuis quelques temps prend de méprisables libertés à l'égard de ses principes fondateurs, au nom d'une soi-disant modernité, ou, plus vraisemblablement, d'un terrible besoin de victoire.

Je n'en veux pas à ceux qui ont été entraînés par la mascarade. Ils ont sans doute pensé qu'il fallait gagner à tout prix. Je ne partage pas ce sentiment. Je suis à un âge où il est encore difficile de renoncer à ce que l'on croit (aussi bien sur le fond que sur la façon de faire de la politique) pour gagner.

A quoi nous servira-t-il, camarades, d'être présents à l'Elysée, si c'est pour y mener une politique plus que tiède, tournée vers les questions de société plus que vers ce qui est de notre responsabilité, à savoir la lutte contre un capitalisme de plus en plus sauvage, pour y impulser des mesures finalement peu éloignées de celles que proposent certains de nos adversaires de droite?

On me parlait du devoir de victoire: tout pour éviter Sarko! Mais l'évincer en 2007 et ne rien changer dans la vie des gens _ je parle ici de ce qui les préoccupe vraiment, le pouvoir d'achat, l'emploi, le logement,… _  ne servira, à mon sens, qu'à lui préparer une plus belle victoire 5 ans après. Le devoir de victoire, je ne l'entendais pas ainsi. Pour moi, c'était plutôt une obligation de résultats, de mesures réellement de gauche, qui prouvent enfin aux Français que le projet socialiste est ambitieux et efficace!

Mes camarades ont préféré une autre stratégie: la nouveauté, la féminité, le parler-simple (et parfois bien mal, j'en suis navrée), la "participativité"! En quoi ces concepts sont-ils socialistes? En 2002, Jospin l'a admis sur les ondes: son projet n'était pas socialiste. Il était vaguement social. On sait le résultat obtenu.

J'aime constater que mon parti sait tirer les enseignements de ses échecs!

S'il est inconcevable de séduire nos électeurs sur un projet socialiste, si ces idées sont des chimères poussiéreuses, pourquoi ce parti garde-t-il ce nom? Hier soir, dans son discours à l'annonce des résultats, Madame Royal a sciemment multiplié les occurrences du mot "socialiste", toujours associé à celui de "militants" d'ailleurs. Cela ne suffit pas. A aucun moment, elle n'a profité de la présence des caméras et des micros pour dire ce contre quoi elle allait se battre, ce pour quoi elle voulait être élue, ce qui la différenciait de ses futurs adversaires, et enfin pourquoi elle était la candidate socialiste.

Un responsable politique n'est pas là pour être à l'écoute des propositions de son peuple. A l'écoute des problèmes, oui, mais pas des façons de les résoudre. Ce n'est pas cela la démocratie! Un homme ou une femme politique doit concevoir des projets, des mesures correspondant à des convictions, à un idéal et les proposer aux électeurs qui les confrontent, les comparent à ceux des autres responsables avant de faire leur choix souverain. Voilà la démocratie. Ne pas avoir "d'idée préconçue", ne pas s'embarrasser de principes, ne pas ancrer chacune de ses avancées dans un projet global, cohérent, ambitieux et constant, ce n'est pas faire de la politique, c'est confondre démocratie et démagogie.

C'est fini, oui. Je ne crois plus que cette maison, de la rue Solférino, soit le parti des socialistes sincères. Le score de Laurent Fabius a résonné comme un glas. Certes, il n'était sans doute pas le meilleur champion pour défendre ma cause, et moi la première j'ai eu du mal à lui accorder ma confiance. Peut-être en a-t-il refroidis beaucoup. Pourtant, son discours était socialiste; pas social-démocrate, pas démagogue et électoraliste, socialiste. Et force est de constater aujourd'hui que ce discours n'a pas rassemblé. Le PS compte aujourd'hui 18% de socialistes!

Y en a-t-il d'autres ailleurs? Tristement, je l'espère et souhaite me joindre à eux.

On me répondra que c'est lâche, que j'abandonne sans me battre le parti de Jaurès. Je répondrai qu'il vaut mieux rester fidèle aux idées de ce grand homme qu'à une structure qui n'est d'ailleurs plus celle qu'il avait créée. Or, se battre pour ses idées, à l'intérieur du PS, cela me semble vain désormais.

Fanny,

socialiste.

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17 novembre 2006

Pourquoi je quitte, aujourd’hui, le PS

Adhérent depuis dix ans du Parti, j’ai soutenu, jusqu’à ce jour, que rien de durable n’était possible hors de son sein. Mais je dois me rendre à l’évidence : l’investiture de Ségolène Royal implique mon départ du Parti socialiste. Par sa nature, son ampleur et sa portée.

Sa nature

La campagne de Ségolène Royal dans le pays sera à l’image de sa campagne dans le parti : refusant toute approche idéologique et sombrant dans le pragmatisme capitulard.
Sa candidature reposera sur les mêmes arguments : elle est la seule à pouvoir battre la droite (jusqu’à ce que les sondages s’inversent ?), elle incarne le renouvellement (la virginité comme argument de substitution à l’orientation politique ?), elle est une femme (depuis quand est-ce important ?).

Je n’ai pas le droit de rester dans une équipe si je refuse de la défendre. C’est une exigence pour soi-même.

L’allocution de la candidate du PS, jeudi 16 novembre au soir, à l’annonce de sa victoire, trahit sa conception même de la politique : uniquement centré sur sa personne, son discours n’a mentionné ni les injustices subies par le peuple et créées par le système capitaliste, ni les raisons politiques pour lesquelles il fallait battre la droite. Une absconse « montagne » et un « bonheur » intime constituèrent seuls le propos. L’irrationnel et le sensationnel sont aujourd’hui les vecteurs du choix et le support du discours politique.

Or le socialisme ne pourra s’imposer que par la force des raisonnements, des éclairages, des démonstrations, en un mot, des convictions. Rien de socialiste, au gouvernement, ne peut sortir du vide politique.

Le parti est devenu, en premier lieu, un fan-club et, subsidiairement, un distributeur d’investitures. Je ne milite pas pour une personne. Je ne milite pas pour des postes. Ce sera donc sans moi.

Son ampleur

La victoire de Ségolène Royal est une défaite interne. J’en ai connu d’autres. En dix ans, j’ai toujours été minoritaire dans ce parti. Mais je pensais, compte tenu des rapports de force, qu’un jour, par la force des convictions ponctuelles, une nouvelle majorité, résolument républicaine et sociale, émergerait.

Une victoire interne de Ségolène Royal, au second tour, à 51%, aurait laissé espérer que la constitution d’un pôle de gauche était possible.

Mais depuis hier soir, le « pôle de gauche », largement entendu, représente 18% du parti et son champion est pour le moins déstabilisé.

Le parti est aujourd’hui dominé par la masse des nouveaux adhérents. Des « militants » qui sont venus à une seule réunion dans leur vie et qui, dans leur immense majorité, ne connaissent ni les valeurs ni les textes fondateurs du socialisme. Ils continueront de voter, une fois par an, sans participer autrement à la réflexion ou à l’action du parti.

Ce fait, structurel, pour la première fois, me fait baisser les bras. Je ne sais pas qui sont les personnes majoritaires dans mon parti. Je ne sais pas ce qu’ils pensent. Je ne suis plus au milieu de camarades. Je laisse dériver ce radeau de la méduse transparente et agressive, vers la dépolitisation et le cynisme.

Sa portée

La victoire de Ségolène Royal ne doit pas seulement être analysée au niveau national, mais également au niveau local. Dans l’histoire du Parti, les contre-pouvoirs internes ont toujours reposé sur un équilibre des forces au niveau territorial. Or, aujourd’hui, dans toutes les fédérations ou presque, Royal est majoritaire.

Mesurons-en les conséquences. En 2007, aura lieu un Congrès du PS. Nul doute que l’appareil du parti, transformé en courant Royal, présentera des candidats dans toutes les fédérations et sera partout majoritaire. D’ici un an, toutes les structures du parti seront maîtrisées par un seul courant.

Comment, dans ces conditions, espérer continuer de peser efficacement pour une orientation politique clairement de gauche ?

Et maintenant ?

Le temps est peut-être venu pour qu’une nouvelle structure émerge. Une structure politique dont les militants n’auraient pas honte. Une structure large sans laquelle le « parti socialiste » ne pourra gouverner et qui, donc, pèsera directement, utilement et souverainement sur l’orientation politique de la gauche.

J’ai bien conscience qu’aucune entreprise de cet ordre n’a réussi depuis quarante ans. Mais le désespoir est tel, ce matin, que le bénéfice du doute suffit à donner du courage.

J’irai voir, humblement, dans le reste de la gauche, quels sont les militants qui ont encore quelque chose à m’apprendre, qui ont encore le toupet de voter avec la rigueur de la raison, qui ont encore le souci de gouverner pour changer les choses, et non seulement le souci de gouverner.

Peut-être y retrouverai-je, dès demain, des dizaines ou des centaines d’entre vous. Je l’espère, tant il est vrai que la richesse du parti ne tient pas dans les mains du trésorier, mais dans la détermination des militants.

Je quitte le parti socialiste, parce que je reste socialiste.

Philippe,

Citoyen

16 novembre 2006

Impunité zéro !

Chère Madame Royal,mains_blog

En cette journée cruciale, si votre ouïe peut encore accéder aux suppliques d'un citoyen lambda perdu dans la foule de vos soutiens inconditionnels, entendez ma requête fondée sur la vraie vie : ô vieillesse ennemie. Ce n'est pas de mon âge dont je voudrais ici me plaindre, ni des augustes et sages concitoyens qui méritent notre déférence. Parmi les personnes âgées, il y a celles qu'on vénère et celles qui rendent véner.

(Je vous prie d'excuser ce vocabulaire de jeune de banlieue, mais je suis sûr qu'un de vos nombreux amis professeurs de collège vous le traduira).

Une attitude, en particulier, commence à devenir un peu agaçante : celle qui consiste, chez les personnes de grand âge, à croire que tous les devoirs sont pour nous et tous les droits pour elles. Au point que certains spécimens sombrent dans la goujaterie la plus éhontée, oubliant jusqu'aux rudiments de la politesse que, pourtant, nous dit-on, on enseignait à coups de trique sous Maurice Chevalier et Jacques Doriot.

Comme les jeunes de banlieue sévissent dans les halls d'immeuble, ces vieux de centre-ville sévissent dans les supermarchés. Vous êtes (oui, bon, pas vous, mais disons votre compagnon) au supermarché, après trente minutes passées sous des néons immondes et entre des rayons décorés par un Biélorusse dépressif, en train de faire la queue à la caisse. Douze personnes vous y précèdent. Vous allez rater le début du film, du match, de la soirée, du baptême du cousin. A ce moment précis, un petit corps chétif, retrouvant la vigueur de la campagne de Verdun, fonce sur les lignes ennemies. Traînant un petit chariot caractéristique, l'individu se place directement entre deux quidams qui attendent leur tour respectivement depuis 24 et 26 minutes. Le vieux ou la vieille, sans un regard pour tous ceux qui constituent le reste de la file, se plante là.

Entendons-nous bien : il est normal de laisser passer une personne dont toutes les articulations la font souffrir. Mais pourquoi est-ce qu'elle ne demande pas, au moins, formellement, le bénéfice de cette prérogative exorbitante du droit commun ? Une phrase ! Un mot ! Non, de plus en plus, le droit de doubler tout le monde lui semble acquis, sans préalable ni formalité. Comment, dans ces conditions, donner l'exemple aux plus jeunes ? Serait-il possible de prévoir un encadrement militaire pour tous les primo-délinquants de la sénilité arrogante ?

Il est un second endroit où ces concitoyens commettent leurs incivilités (comme les plus jeunes d'ailleurs), c'est le bus. Je veux bien me lever dans les autocars pour laisser ma place à une personne âgée, mais je commence à me dire qu'il vaut mieux attendre qu'elle demande : l'autre jour, une fois le devoir civique accompli, n'entendis-je pas la vieille personne me reprocher de lui proposer ma place ? "Je ne suis pas si vieille", dit-elle, d'un air choqué. Si j'avais perdu la "bus attitude", je crois que le sort de Papi Voise eut été enviable par rapport au sien. Il n'en fut rien. Je me rassis, en me disant que tout de même, vue la pyramide des âges, on allait en prendre pour un bon moment.

Alors, chère Madame Royal, appliquez l'ordre juste à tous les âges. Autorisez nous, en se réclamant de vous, à remettre dans le droit chemin de la civilité ces arrogantes mégères, en criant dans les files d'attente des supermarchés "Chacun son tour, Madame" !

Ainsi elles passeront à leur tour, et vous au premier.

Recevez pour ce jour de gloire l'expression de mon admiration,

Philippe

Citoyen-expert

12 novembre 2006

Le socialisme: le refus del'aliénation de l'Homme par le slip!

boxerChère Ségolène,

Je sais que le respect de l'environnement fait partie des points cruciaux de ton engagement. Et je sais aussi qu'en femme et candidate avertie, tu n'as jamais délaissé l'aspect visuel et esthétique de cet environnement. Tu recevras donc avec un grand naturel, j'en suis convaincue, ma requête de ce jour.

Halte aux slips de bains!

Halte à cette hérésie! Il n'est plus possible de supporter une telle agression visuelle.

Je suspecte sincèrement les responsables des piscines municipales et privées d'avoir scellé un pacte diabolique avec les lobbies de psychanalystes et d'agences de rencontre. Je m'explique: il est rigoureusement impensable qu'un homme normalement constitué (j'exclus évidemment certains spécimens particulièrement aidés, positivement discriminés par Dame Nature, tels que Geor… non, je vais m'arrêter là) puisse, affublé d'un pareil déguisement, provoquer la moindre attirance ou, mieux encore, le moindre désir chez l'un de ses semblables (que ce dernier soit représentant de la gent féminine ou masculine, indifféremment). Du coup, ces malheureux ne rencontrent personne lors de leur baignade hebdomadaire et, dans le meilleur des cas, se retournent vers d'autres prestataires de rencontre, dans le pire, débutent, piégés par la dépression, une analyse.

On nous a longtemps fait croire que le slip de bain (autrement nommé moule-b…) trouvait sa justification dans l'hygiène: les organes poilus de nos chers hommes virils y seraient mieux tenus que dans des shorts. Nous ne pouvions que nous taire, ême si peu d'entre nous étions dupes de ce mensonge.

Mais aujourd'hui, un bienfaiteur de l'humanité a inventé le boxer: celui-ci tient au corps et redonne toute sa dignité à l'Homme! Il n'y a donc plus de raison valable à cette humiliation!

Seulement voilà! Le pacte secret oblige à continuer d'interdire cette petite révolution de la mode. Et je continue de voir, dans les bassins chlorés, ces hommes diminués et incertains.

Ségolène! Parce que ton socialisme te dicte chaque jour un peu plus qu'il n'est pas supportable de concevoir l'aliénation de l'homme par l'homme, agis! Et fais en sorte que ces célibataires puissent enfin recueillir les fruits de leur sport régulier et apparaître flattés dans des tenues seyantes, en toutes circonstances!

Fanny,

Citoyenne-experte.

10 novembre 2006

Interdire le gauchisme

Chère Madame Royal,roule___gauche

Depuis que vous avez pris position courageusement pour interdire à l'Iran l'accès à la technologie nucléaire civile, vous avez ouvert pour moi un nouvel horizon d'espoir : enfin, les politiques ne s'arrêtent plus au stupide principe de la souveraineté des Etats et au respect des traités internationaux. Vous nous permettez de rêver à un monde dans lequel la France pourrait enfin, de nouveau, dire son mot sur tous les sujets de la planète.

Du coup, j'ai une proposition experte à vous faire. Cela fait plusieurs siècles que le peuple anglais cultive un particularisme agaçant et plusieurs décennies qu'il paralyse l'Europe en refusant de se plier à nos normes continentales : qu'il s'agisse de mesurer la distance ou le poids, de s'aligner sur notre créneau horaire ou sur notre format de prise électrique, les Anglois maintiennent dans un superbe et irritant orgueil une différence archaïque.

Il est un point sur lequel leur singularité devient un danger pour l'humanité, à l'image du nucléaire civil iranien, c'est leur conduite automobile. Ils roulent sur la voie de gauche.

Cette sotte habitude rend, sur leur territoire, nos déplacements hautement périlleux, tant il est vrai qu'on n'abandonne pas nos réflexes aisément. L'engagement sur un rond-point est proprement impossible, les dépassements sont des plus risqués. Et encore, me rétorquerez-vous, ce danger ne concerne que les Français qui s'aventurent sur les terres hostiles de la perfide Albion. Mais le pire, chère Madame Royal, c'est que ces dangers roulants, pourtant jadis boutés, viennent, aux beaux jours (ils n'en ont pas), flanqués de leur autocollant GB, sur nos routes. Et qui dira alors l'angoisse du Français placide voyant approcher, sur SA voie de droite, chargé de vélocipèdes, un capot anglais ?

C'est donc la sécurité routière française, qualifiée de grande cause nationale par votre futur prédécesseur, que ces trublions gavés de théine mettent en danger. Je sais que vous trouverez les moyens efficaces de les contraindre à abandonner leur pratique criminelle : embargo, bombardement, ou réprimande sévère comme celle que vous avez infligée à une jeune militante cet été. Je sais que vous saurez vous montrer aussi ferme avec la Grande-Bretagne qu'avec les petites bretonnes.

Je sais aussi que vous admirez le pragmatisme de Monsieur Blair. Pourtant sa position, sur ce point, est indéfendable. Avant d'harmoniser les salaires et la fiscalité en Europe, il faut y harmoniser les règles de conduite. C'est une question, justement, de bon sens.

En très respectueux hommage et sans siffler,

Philippe,

Citoyen-expert.

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8 novembre 2006

Bande Velcro...

clapChère Ségolène,

Ton emploi du temps chargé ne doit pas te permettre très souvent de fréquenter les salles obscures des multiplex parisiens. Pour ma part, j'adore me plonger dans les confortables sièges rouges et moelleux, dans le noir complet, pour me délecter des films dernièrement sortis. J'aime particulièrement arriver à l'avance, choisir ma place au beau milieu, ni trop près ni trop loin de cet écran superbe. Je m'installe et là, la magie du cinéma opère: la séance commence.

Quelques publicités et enfin, le moment tant attendu des Bandes Annonces. Le petit mineur lance son outil dans la cible, la voix off scande le célèbre "0-0-0-1!" et les images apparaissent! Quel bonheur de découvrir les œuvres qui nous feront rêver quelques semaines plus tard, de retrouver l'univers d'un réalisateur apprécié, le jeu d'une actrice adulée, l'humour d'un comique porté aux nues. Notre patience est parfois mise à rude épreuve!

Et parfois… non! Certains producteurs n'ont pas compris le principe selon lequel "moins on en dit plus on intrigue". Comme ils auraient souffert à la Cour du Roi Louis XIV, lorsque la carte du Tendre et toutes les règles de la bienséance et de la préciosité tendaient à cacher les jeunes femmes des pieds au cou et que le comble de l'audace consistait à dévoiler subrepticement une frêle cheville, ce qui ne manquait jamais d'émouvoir au plus haut point le prétendant transi. Si le cinéma avait existé à l'époque, les Bandes Annonces se seraient limitées à une affiche. Malheureusement, elles ressemblent aujourd'hui davantage, pour continuer la comparaison, à une demoiselle en string léopard!

En deux ou trois minutes, on voit tout, on sait tout de l'histoire, du début à la fin, on connaît même les meilleures répliques, on ne nous laisse aucun mystère. Pourtant, l'affiche nous renseigne déjà sur le nom du réalisateur et des acteurs. On sait alors s'ils font partie des gens dont on aime le travail ou non. Le titre nous donne également une piste: s'il est bien choisi, on doit pouvoir comprendre dans quel genre l'œuvre s'inscrit. Enfin, l'image de fond dévoile l'angle sous lequel l'histoire va être montrée. La Bande Annonce ne devrait donc pas, selon moi, ajouter  d'autres informations sur le film que celles de la musique et du rythme. Quelques uns manient d'ailleurs cet art à la perfection et, sans donner la moindre réplique, parfois même sans un mot, parviennent , en faisant défiler rapidement des images montées de façon assez incohérente pour ne rien révéler de l'intrigue et accompagnées d'une musique choisie, à recréer l'atmosphère du film sans que l'on n'en connaisse rien.

C'est pourtant loin d'être le cas. Et après les longues minutes de bande annonce (il y a parfois même 3 BA différentes pour le même film, histoire qu'on n'en loupe pas une miette), il n'est quelquefois plus nécessaire de se déplacer pour voir le film lui-même. Tout le charme est rompu. Pour en avoir fait l'expérience, j'ai fini par voir des films qui n'étaient plus qu'une bande annonce améliorée! C'est insupportable! Je me vois maintenant dans l'obligation de me boucher les oreilles et de me cacher les yeux pendant les BA et de renoncer, par la même, à l'un de mes plus grands plaisirs.

Ségolène, pour que nos séances de ciné gardent toute leur magie, interviens! Vite!

Fanny,

Citoyenne experte.

7 novembre 2006

Un message du Comité Hygiène et Sécurité

Chère Madame Royal,

toilettes

Sur votre site, vous ouvrez un horizon d'espoir aux gens comme moi en affirmant : "j'ai acquis la conviction que les citoyens, lorsqu'un problème est vécu ou lorsqu'un progrès est espéré, sont des experts légitimes de la question posée". Car voici des années que je tente (vainement) d'alerter les soi-disant responsables politiques sur un "problème vécu", au croisement de deux enjeux majeurs : la salubrité publique et le respect de la dignité humaine.

J'ai mené une enquête poussée sur les toilettes de 958 établissements recevant du public (492 restaurants, 223 cinémas, 39 théâtres, 104 cafés, 88 discothèques, 4 mairies socialistes, 4 mairies UMP, 3 paillotes de plage et 1 magasin IKEA) pour arriver à ce constat désastreux : près de 95% de ces locaux intimes ne disposent pas de porte-manteaux. Encore ne parlé-je que des toilettes pour hommes, la décence m'interdisant d'aller inspecter les locaux dont la porte est flanquée d'un logo à jupe.

Ainsi, dois-je à la France de vous décrire l'angoisse de l'arrivée dans un local confiné, à l'architecture morne et à l'hygiène variable, lorsqu'il devient évident que l'opération projetée sera bien plus aisée en ôtant son pardessus.

Pourquoi faudrait-il se dévêtir ? D'une part, parce qu'il fait souvent chaud dans ses coins reculés de notre civilisation. D'autre part et surtout, parce que le pissou est périlleux. En effet, soyez assis et le pardessus traîne sur un revêtement généralement carrelé et toujours douteux, soyez debout et la vision autant que le mouvement sont gênés.

Vous me direz, "y a qu'à l'enlever avant". Les problèmes, dans nos sociétés modernes, sont plus complexes. Si vous êtes en plein rendez-vous d'affaire, vous ne pouvez pas poser votre veste sur le dossier de la chaise et dévoiler vos bras de chemise au client japonais. Si vous êtes en terrasse avec vos amis, en ce mois de novembre aux températures rigoureuses (il faudra, d'ailleurs, que nous parlions aussi de ce problème de températures), vous ne retirez point davantage votre doudoune avant de rentrer dans l'établissement (où se trouve, en général, les toilettes recherchées). Si, enfin, vous êtes seul au MacDo, vous n'allez pas laisser à la merci de la malveillance de quelque sauvageon votre parka sur la chaise, avec tous les tickets de métro et de Uno à l'intérieur, sous peine de ne plus retrouver, à votre retour, qu'un Big mac entamé. C'est donc bien trop vêtu que vous abordez, une fois la porte refermée, la chose.

En l'absence de porte-manteaux, la réponse pragmatique que mettra en œuvre tout bon praticien de la deuxième gauche consiste à accrocher ledit vêtement à la poignée de la porte (98,5% des toilettes inspectées sont pourvues d'une poignée de porte). Mais dans ce cas, et pendant toute la durée de l'opération, le citoyen vivra dans l'angoisse qu'un compatriote entende également se servir du lieu d'aisance, sans vérifier que le loquet est rouge (82% des toilettes inspectées sont pourvues d'un loquet vert ou rouge en état correct de fonctionnement). Alors, le triste sire, maniant la poignée, fera tomber, de l'autre côté de la porte, votre veste sur le revêtement douteux. Selon le degré d'humidité crasseuse dudit sol, le résultat peut être dramatique.

Vous qui considérez, à juste titre, que tous les sujets sont importants quand ils sont soulevés sérieusement, j'espère que vous accueillerez ma doléance avec toute l'attention qu'elle mérite et soutiendrez l'opération "Un crochet dans les cabinets".

En respectueux hommage,

Philippe,

Citoyen-expert.

5 novembre 2006

"Ne plus mentir aux Français!"

nutellaEn ce week-end de novembre, en ces premiers frimas de l'hiver naissant, quel plaisir de déambuler dans les rues de la capitale, et de s'arrêter pour boire un thé dans un petit troquet aux lumières tamisées! On parcourt, curieux, la carte, à la recherche du thé le plus exotique et là… malheur pour notre ligne!... nos yeux s'arrêtent sur la liste des crêpes! Il n'est plus possible d'y échapper: elle est là, elle vous appelle, vous séduit, vous attire,…vous savez que vous ne devriez pas mais elle porte un nom auquel il est utopique de vouloir résister: Nutella!

Dans ce nom, l'Italie de Ferrero, les goûters d'anniversaire, les premières vacances au ski entre copains, le premier chagrin d'amour,… tout. Il y a tout dans ce nom et dans cette saveur si particulière, savant dosage de chocolat et de noisettes (ceux qui ont perdu tout sens de la poésie ajoutent "et de graisses!"), que les Américains continuent de nous envier, eux qui doivent se contenter de cet infâme beurre de cacahuètes!

Alors on la commande cette crêpe, à la fois honteux et gourmand et on l'attend avec délice. Quand elle arrive finalement accompagnée d'un thé Lipton en sachet sur lequel il est vaguement mentionné "caramel", notre désillusion n'en est qu'à son début. Le nappage ne brille pas: il est visqueux et terne. On se saisit de ses couverts en gardant encore espoir mais une fois la première bouchée en contact avec les papilles, plus de doute possible: on s'est fait roulé et on est face à l'une de ces terribles et viles copies, une quelconque pâte à tartiner comme il en existe tant pour le plus grand malheur des vrais amateurs.

Une question se pose alors: quelle a été la véritable intention du commerçant? A-t-il simplement voulu user d'un raccourci sur sa carte en préférant utiliser l'antonomase Nutella pour désigner un produit qui lui semblait identique, tout comme quotidiennement on parle de frigidaire et de sopalin à propos de produits d'autres marques, et soulignant ainsi la suprématie voire l'hégémonie du produit-phare? Ou a-t-il voulu prendre son client au piège?

Ma méfiance naturelle me pousse malheureusement à craindre la malhonnêteté de l'aubergiste et à choisir la seconde hypothèse! Et ce crime (car c'en est un!) se produit malheureusement de plus en plus souvent. On berne les consommateurs, on les spolie! On abuse de leur confiance tout en galvaudant des marques fameuses et en violant leur propriété intellectuelle!

Ségolène, toi qui as fait du panier de la ménagère un de tes chevaux de bataille, veille à ce qu'il ne se remplisse pas d'ersatz sacrilèges!

Fanny,

Citoyenne-experte.

3 novembre 2006

Maille à partir...

collants_2Ma chère Ségolène,

cela faisait si longtemps que j'attendais cela! Une FEMME candidate, et surtout une FEMME bientôt élue à la tête de notre pays machiste, sectaire et si réactionnaire! Une FEMME qui puisse enfin faire entendre les cris de celles que l'on bâillonne depuis tant de temps et dont on tait, lâchement, les problèmes quotidiens!

Une FEMME qui fasse enfin de la politique autrement, c'est-à-dire: en jupe!

En effet, comme tu l'as si bien rappelé lors du premier débat télévisé contre tes sournois adversaires, ce qui te différencie d'eux est physique.

Jamais, DSK et Fabius ne comprendront la terreur que nous éprouvons, toi, moi et nos semblables lorsque, après avoir soigneusement limé nos ongles, nous sortons délicatement de son emballage, notre nouveau collant DIM 15 deniers et que, dans un soupir effrayé, nous commençons à "l'en-filer"!

Inexorablement, une maille de ce satané fragile tissu se coince dans l'une de nos bagues ou dans la boucle de nos chaussures,… et commence, tranquillement, silencieusement, parfois même sans que l'on s'en aperçoive tout de suite, à détricoter, en une ligne perfide, ce collant qui aurait dû constituer l'un de nos atouts-charmes de la journée et qui soudain n'est plus qu'une honte insupportable!

Je revois encore ma pauvre mère, élégante et parfumée, prête à aller travailler pour le grand capital, fière d'avoir passer cette épreuve matinale, découvrir avec horreur que le dernier câlin à ma petite chienne avant de sortir avait ruiné tous ses efforts.

Que faire? Tant que l'on est chez soi, il est possible de renouveler l'expérience. Mais il faut avouer que l'on est là face à un gouffre financier! Quand on est sorti, il ne reste plus qu'à se précipiter sur l'enseigne sauveuse qui offrira de quoi se changer, en abusant largement de notre position de faiblesse!

Il est temps d'agir! Et toi seule, j'en suis convaincue, peut entendre notre plainte et la prendre en considération. Au Parti Socialiste, on évoque, je le sais, le manque de moyen accordé à la Recherche. Mais, je le sais aussi, ils ont tous en tête l'augmentation des ressources pour des domaines éculés: la maladie, l'énergie, la culture. Quand des fonds conséquents seront-ils enfin consacrés à la recherche pour la résistance du collant? D'autre part, il est temps d'intervenir auprès des entreprises qui prennent un malin plaisir à nous voir nous escrimer vainement et racheter régulièrement leurs produits.

Ségolène, avec toi, renaît l'espoir des françaises devoir, un jour, le "collant infilable"!

Fanny,

citoyenne-experte.

2 novembre 2006

Les fourberies de l'escarpin

Chère Madame Royal,chaussure

Qu'il est bon de vous entendre renouveler le débat politique. Finies les discussion sans fin sur le chômage ou l'environnement, alors que tout le monde sait bien que l'Etat ne peut rien y faire. Enfin, on parle des problèmes des vrais gens comme moi. A ce titre, je rencontre, dans ma vie quotidienne, une discrimination que vous ne manquerez pas d'abattre dès votre élection. Je chausse du 48 et demi.

Ce fait de la nature, contre lequel je ne peux rien, m'expose à deux quolibets fréquents mais toujours douloureux dès que j'entre chez un maître bottier.

D'abord, dès que le vendeur s'approche, alors qu'il vient à peine de prononcer la phrase sempiternelle mais bienveillante "je peux vous aider ?", mes lèvres tremblent, la honte paralyse ma langue et de ma bouche sort une phrase piteuse, cachée par mes yeux baissés : "vous avez du 48 ?". S'en suivent, au choix du tortionnaire, un franc ricanement, un sourire amusé, ou ce pétillement dans les yeux propres aux enfants que l'on promène près de la galerie des monstres dans les fêtes foraines. Une réponse négative tombe, invariablement.

Vous me direz, en fine connaisseuse de la réalité de notre vie, qu'il existe des magasins spécialisés où l'on accueille les "gens comme moi". Voilà bien une solution que ce ghetto moderne dans lequel on nous enferme ! Entre gens difformes, donc, nous pouvons nous retrouver. Mais ne croyez pas que ces lieux clos permettent de trouver une solution à mon problème.

En effet, même dans une botterie spécialisée, il est fréquent que mes orteils soient à l'étroit dans le modèle 48 et qu'ils flottent dans le 49. La diversité des pointures permise par l'heureuse mondialisation ne change rien à l'affaire : l'américain 13 m'est trop petit, quand le 14 est trop large. A part les charentaises de l'auguste région aux destinées de laquelle vous présidez, aucun soulier ne convient à mon pied.

Comme il ne sert à rien de se plaindre sans proposer une solution, je vous soumets, en tant que citoyen-expert, un projet de réforme efficace. Issu tout droit du pragmatisme dont vous êtes l'incarnation, le principe est le suivant : moduler les cotisations sociales payées par les chefs d'entreprise des magasins de chaussure en fonction de la quantité de pointures discriminées qu'ils détiennent en stock. On peut même aller jusqu'à une exonération totale de cotisations lorsque la proportion de paires inférieures au 32 pour les hommes et 30 pour les femmes, et supérieures au 47 pour les hommes et 45 pour les femmes est de 26% ou plus. Pourquoi 26% ? C'est un peu compliqué et je suis un citoyen-expert, donc je ne veux pas ennuyer mes concitoyens avec des détails techniques.

Mesure plus révolutionnaire encore, le crédit d'impôt sur les sociétés lorsque lesdits magasins disposent de plus de 34% de mocassins demi-pointures, afin d'adapter l'offre à la demande. Après tout, être de gauche, c'est combattre les discriminations par une régulation de l'économie de marché, non ? Voilà, vous en conviendrez, une mesure plus sociale que les sandales de plage de Nicolas Sarkozy.

Philippe,

Citoyen-expert

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